À la faveur d’un orage, Jao, une jeune chèvre, et Kanouk, un loup, se retrouvent coincés dans une grange. Dans le noir complet, ils sympathisent et décident de se revoir. Passés les premiers instants de stupeur, ils vont entretenir une franche amitié contre nature. Mais leurs clans respectifs ne voient pas ça d’un bon œil…
Bénéficiant d’un graphisme soigné et d’une réalisation tout aussi irréprochable, cet anime japonais présente deux personnages que tout est censé opposer, mais qui, assez naturellement, arrivent à dépasser leurs différences et ainsi poser une interrogation allégorique sur le racisme ou d’autres formes d’exclusions sociales ou culturelles.
Cette fable s’avère une réflexion sur les notions de bien et de mal, sur les préjugés souvent imposés par les « groupes » dont nous faisons partie. Elle invite à se défaire de ses pensées de masse et à interpréter ces valeurs manichéennes souvent floues dictées par la peur ou établies dans un souci de simplification. Et c’est à travers l’histoire de deux animaux que le réalisateur honore ces vertus a priori très humaines que sont l’amitié, la tolérance ou l’altruisme.
Loin d’être tragique, le film alterne avec intelligence des moments de drôleries cocasses avec des instants plus solennels voire graves.
« La vallée d’émeraude » se révèle être un film sympathique, intelligent sans être bassement moralisateur et qui, sous ses dehors de fable bucolique, trouve une résonance étonnamment contemporaine.
Gisaburo Sugii : « La vallée d’émeraude »
(Mélimédias, 2005)
Dès 6 ans