Voici une compilation de courts-métrages d’animation chinoise des plus singulières car garante d’une méthode graphique tant originale que fascinante : le «lavis animé». Cette technique permet de mettre en mouvement la peinture chinoise traditionnelle à l’encre de Chine et aquarelle.
Ce procédé d’animation est des plus complexes, il requiert une dextérité rare et des moyens financiers importants. De ce fait, seuls quatre films utiliseront cette technique. Elle sera par la suite combinée au découpage articulé pour donner naissance au «lavis découpé». Le procédé s’avérera moins onéreux et permettra une palette de mouvements plus large, même si l’ensemble perd un peu en dynamique (notamment à cause des décors fixes).
Il se dégage de ces courts-métrages une impression de sérénité et de sagesse multiséculaire. Ils conjuguent avec grâce les trois arts chinois principaux que sont la calligraphie, la peinture et la musique en nous emmenant dans un voyage initiatique dans l’univers poétique de l’animation chinoise et de ses modes d’expression. En ce sens, leur combinaison résonne comme une allégorie sur la relation harmonieuse de l’homme et de son environnement en perpétuel mouvement.
Ces petites poésies animées sont le fruit d’animateurs dont le seul souci était de faire des œuvres artistiques et où ne comptaient ni l’argent, ni le temps, mais bien l’harmonie et l’excellence.
La mante religieuse (Jin Qing Hu, 1988)
Adaptée d’une fable traditionnelle chinoise, cette œuvre est un des plus beaux exemples de «lavis découpé» et une magnifique ode à la nature.
L’épouvantail (Jin Qing Hu, 1985)
Réalisé par Hu Jinging (La mante religieuse), ce film est une adaptation des Histoires comiques (cinquième siècle avant J.-C.). On y retrouve la même observation aiguisée de la nature et de ses fonctionnements et plusieurs références à l’art chinois ancestral.
Les singes qui veulent attraper la lune (Ke Qin Zhou, 1981)
Pour nous conter cette histoire de singes qui ont décidé d’attraper la lune, le réalisateur utilise une variation de la technique du «lavis découpé» appelée «lavis déchiré». C’est ce procédé qui donne aux singes cette impression d’épaisse fourrure. Une histoire drôle et enlevée
Impression de montagne et d’eau (Te Wei, 1988)
Voici donc une des rares œuvres utilisant la technique de «lavis animé». En nous contant cette belle amitié entre un jeune pêcheur et un vieux luthier, le réalisateur nous propose également une sorte de voyage historique au cœur même de la peinture chinoise traditionnelle. Un véritable chef-d’œuvre !
L’aigrette et l’huître (Jin Qing Hu, 1983)
Un très bel exemple de « lavis découpé » illustrant ici un antique proverbe chinois.
Têtards à la recherche de leur maman (Te Wei, 1960)
Ce film est la première expérimentation du «lavis animé». Un autre hommage à la nature et à ses merveilles.
Les trois moines (Da Ah, 1980)
Cette réalisation se démarque des autres opus par son style graphique plus conventionnel (gouache). Il n’en reste pas moins très intéressant avec un univers plus ‘cartoonesque’ et un humour vivifiant.
Divers réalisateurs : « Impression de montagne et d’eau et autres histoires… »
(Films du Paradoxe, 1960-1988)
Dès 6 ans
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